Robert Linzeler à l’Exposition universelle de 1900

Robert Linzeler n’a que 24 ans lorsqu’il reprend la maison d’orfèvrerie de Jules Piault; quatre ans plus tard, il présente certaines de ses créations à l’exposition universelle de 1900. Il est remarqué et remporte une médaille d’or, ce que soulignent certains journaux de l’époque…

La Coutellerie de la maison Robert Linzeler
(Médaille d’or)

La maison Robert Linzeler qui a pris la succession de la maison Jules Piault, 68, rue de Turbigo, date de 1856.

Cette maison a exposé à la classe 93, groupe XV, diverses pièces de coutellerie de table renfermées dans trois vitrines.

Une première vitrine contient un service complet de coutellerie de table; toutes les pièces de ce service sont montées sur des manches d’ivoire, avec des incrustations de nacre, de laqué et d’or. L’impression de ce service est grande, et on ne sait si l’on doit louer en lui l’orfèvrerie ou la coutellerie.

La seconde vitrine nous présente des pièces détachées et deux services : l’un, pour five o’clock, composé de couteaux d’acier et de couteaux-fourchettes en argent avec des viroles en or, et l’autre, très remarquable pour les connaisseurs, car il a fallu vaincre, dans sa forme et dans son montage, plusieurs difficultés de fabrication.

Nous sommes loin de l’époque où la coutellerie anglaise était reconnue maîtresse du marché et sans rivale pour la fabrication. L’Allemagne aussi nous faisait une rude concurrence sur notre propre marché, à tel point que la coutellerie demanda à être protégée par des droits ad valorem d’au moins 30 0/0. Le gouvernement s’arrêta à 20 0/0 et en 1865 le droit a été réduit à 15 0/0. Pendant longtemps l’exportation française a surtout consisté en objets de bas prix à l’usage des classes inférieures; aujourd’hui le goût public se modifie.

C’est ainsi que les modèles de la maison Linzeler sont aussi élégants que variés. Toutes les grandes maisons parisiennes, aristocratie de naissance, aristocratie d’affaires, fonctionnaires et politiques adoptent cette marque unique par son originalité, sa finesse, sa solidité sans pareille.

La maison Robert Linzeler, qui possède une usine de lames à Bourdons (Haute-Marne), ainsi que des ateliers de montage et de petite partie d’orfèvrerie, a déjà à son actif des témoignages flatteurs et précieux de l’excellence de sa fabrication et de la supériorité incontestable de ses produits. En effet, en 1867 elle obtenait une médaille d’argent ; en 1878, le directeur était nommé membre du jury hors concours; enfin, en 1889, la maison obtenait une médaille d’or. L’importance de ces distinctions honorifiques croissait parallèlement à l’importance de la maison elle-même. En effet, son chiffre d’affaires n’a cessé de s’élever et sa clientèle de s’agrandir.

Cette maison vient d’obtenir, à l’Exposition de 1900, une médaille d’or. C’est le résultat des efforts réfléchis, de l’intelligence, de l’initiative et de la probité commerciale dont les propriétaires se sont transmis l’indéfectible tradition.

1900-08 Le Panthéon de l’industrie.

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Linzeler envoie plusieurs vases montés d’argent, qui présentent un intérêt incontestable par le choix de l’ornementation et le caractère de modernité qui s’en dégage; exécutés en fonte, il était inévitable qu’ils conservassent de ce procédé quelque lourdeur d’apparence : mais, tout auprès, dans la même vitrine, figure comme pièce de démonstration une sorte de canette de grès tout unie, élégamment et très soigneusement garnie, qui prouve que cet exposant n’est nullement embarrassé, quand il le veut bien, pour faire œuvre d’orfèvre et non de bronzier.

1901-08 Revue de la bijouterie.