Marret, Jarry et Gaime

Hippolyte Marret (1804-1883) amorce sa carrière de bijoutier-joaillier dans la fabrique Bénier, rue Vivienne, à Paris. Il y travaille avec son frère Charles Marret (1807-1846) dans la maison qui prend successivement les noms de Bénier et Marret Frères et de Marret et Frères puis tout seul, sous l’appellation Hippolyte Marret.

Hippolyte Marret décide alors, en 1846, de s’associer avec l’un de ses beaux-frères, Eugène Jarry (1818-1883) ainsi qu’avec un certain Jean Hippolyte Gaime qui serait, selon Henri Vever, un parent de Pierre Marret, le père d’Hippolyte. La société Marret, Jarry et Gaime commence ses opérations…

Marret, Jarry et Gaime – Salières

À la suite de la révolution de 1848, une succursale est ouverte à New-York, sur Broadway (au no 391½ et 392½). Jean Hippolyte Gaime quitte la maison et prend la direction des États-Unis. Avec un certain M. Guillemot, ils deviennent les correspondants à New-York de la maison parisienne ; Gustave Jarry (1821- ??), le frère d’Eugène rentrant dans la société à la place de M. Gaime, celle-ci devient de 1851 à 1858, Marret et Jarry frères.

Mais la succursale new-yorkaise connaît des problèmes majeurs et en 1857, c’est la catastrophe… La maison, dirigée par Gaime et Guillemot fils, fait faillite, probablement de façon frauduleuse, en raison des malversations des deux dirigeants.

« Dans une lettre de décembre 1858 adressée par Hippolyte Marret à un parent, l’abbé Marret, curé de la paroisse de Tourzelles, dans le Puy-de-Dôme, il qualifie Gaime et Guillemot de misérables. Quand on sait avec quel soin, à cette époque, on choisissait mots et expressions, misérables est synonyme de malhonnêtes. Le ressentiment de monsieur Marret était grandement justifié, cette faillite lui coutant sa commandite de 200.000 francs et une somme à peu près équivalente, afin de désintéresser les créanciers. Il était un parfait honnête homme. »

Souvenirs de Jacques Marchand (1918-1998)

L’établissement de New-York ferme définitivement en 1857.

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 « […] Nous avons eu plusieurs fois occasion d’entretenir nos lecteurs des beaux articles de bijouterie parisienne importés à New-York par MM. Marret Jarry et Gaime de Paris. Par suite de nouveaux arrangements, la direction d’une société nouvelle substituée à l’ancienne, passe exclusivement à MM. Gaime et Guillemot qui, bien que tout-à-fait indépendants de la maison de Paris, n’en conserveront pas moins des relations d’affaires suivies avec elle.

« […] Gaime, Marret et Jarry, ces joailliers parisiens dont les ateliers produisent de si riches et si élégants bijoux, ne doivent pas être oubliés, car leurs productions atteignent, par le fini et l’ingénieuse originalité, aux proportions artistiques. C’est que la ciselure, lorsqu’elle est poussée à une pareille perfection, est un Art que n’ont pas dédaigné les grands sculpteurs. Benvenuto Cellini, par exemple, dont les chefs-d’oeuvre restent encore inimités, ne croyait pas déroger en ciselant ses délicieuses poignées d’épées qui portaient à la fois des bonbons pour les dames et une lame pour l’ennemi. Bien que MM. Marret et Gaime ne soient pas à cette hauteur, ils ont pourtant dans leurs ateliers des parures qui peuvent soutenir la comparaison avec tout ce que Paris, cette reine de l’élégance et du bon goût, possède de plus achevé en ce genre. Il est difficile, croyons-nous, de faire mieux. Aussi engageons-nous ceux qui recherchent dans un bijou la valeur du travail plutôt que le poids d’un métal précieux d’aller passer quelques instants dans ce magasin. Ils y trouveront facilement de quoi satisfaire leurs fantaisies, et nul doute que ce ne soit là que se fixeront leurs préférences. »

Source : Revue du Nouveau-Monde publiée par Régis de Trobriand.  Vol. IV. New-York. 1850.