Émile Vaudremer, prix de Rome dès 1854, est alors un architecte reconnu. On lui doit en particulier les églises Saint-Pierre de Montrouge et Notre-Dame d’Auteuil, les lycées parisiens Molière et Buffon et la prison de la Santé.
Charles Duval était le cousin de Charles Marret, l’époux de Marie Collin, la fille d’Armand.
La maison sera construite entre 1891 et 1898, dans un style « renaissance normande » correspondant à la mouvance régionaliste de la fin du 19e siècle.
À la mort d’Armand Collin, la maison sera occupée par sa fille Marie et son mari, Charles Marret.
Remarquable à plusieurs égards, la villa Collin fera l’objet de plusieurs articles dans des livres et revues d’architecture :
- La Construction moderne, 1903-1904, tome 19, p. 7 et pl. I à III
Cette maison, classée monument historique, a été répertoriée par le Ministère de la Culture, faisant l’objet d’un dossier et d’une notice avec photos.
Vaudremer et la villa Collin
Textes et photos : Internet, site Patrimoine et tourisme culturel en France (Topic-topos)
Horloger et orfèvre parisien de renommée, Armand Collin choisit Fourqueux comme lieu de villégiature en 1888. Il s’adresse à son ami Vaudremer (1829-1914), grand prix de Rome en 1854 et architecte de la Ville de Paris, pour construire une villa dans le domaine de l’ancien château. Célèbre pour ses réalisations d’édifices publics (lycées, prisons, églises), cet architecte a laissé un fonds de travaux préparatoires déposé aux Archives départementales des Yvelines, qui révèle son évolution et l’originalité de sa démarche. Il réalise notamment l’église orthodoxe grecque de la rue Georges-Bizet à Paris, en 1890. Son parti pris régionaliste et rationaliste s’illustre notamment dans les structures décoratives et polychromes, les toits pentus en ardoise, les charpentes de bois apparentes et l’emploi de la brique. Ayant réservé la brique et le bois à la construction de la demeure, il utilise le fer pour la serre du jardin d’hiver. Cette serre évoque les ouvrages de l’un de ses élèves, Guimard. Pour les travaux de la villa Collin, Vaudremer est aidé par son élève Charles Duval.
La villa Collin
Inscrit MH : 1996
Matériaux: brique blanche , peuplier , céramique émaillée
Créateur Architecte : Émile Vaudremer
Datation 1891
Hall et escalier intérieur
Classé MH : 1998
Matériaux: peuplier
Créateur Architecte : Émile Vaudremer
Datation 1891
Le soin apporté à chaque détail correspond au souci de conjuguer la structure, le décor et le mobilier. Il s’affirme, dès l’entrée, dans l’emploi d’un arc outrepassé, les balcons de bois et les fenêtres. La cage lambrissée de l’escalier à volée éclairé par la lumière du jour abrite un ascenseur, qui dessert le premier étage. La présence de l’escalier se traduit en façade par le décrochement des fenêtres. Outre les fresques d’Henri Marret, le décor peint au pochoir, le mobilier néo-gothique et la lanterne de style romano-byzantin, réplique de celle conservée dans l’église orthodoxe grecque, reprennent des modèles que Vaudremer utilise dans ses réalisations parisiennes.
Table et chaises
Matériaux: peuplier
Créateur Architecte : Émile Vaudremer
Datation 1891
Dans un souci d’harmonie esthétique entre le cadre architectural et le décor intérieur, Vaudremer souligne les lignes architecturales et les espaces par des peintures et conçoit un mobilier cohérent avec le parti pris historique retenu pour l’architecture extérieure. Ainsi, les lambris, les parquets, les plafonds, les cathèdres, les tables, les chaises, les cheminées, les lanternes et les serrures sont réalisés en néo-gothique, style en vogue depuis Viollet-le-Duc dont Vaudremer a été l’élève.
Cheminée
Datation 1891
Le plafond du salon, comme celui de la salle à manger, est à caissons peints. Les décors reprennent l’iconographie des tapisseries du XVe siècle : motif des mille-fleurs et thème de La Dame à la Licorne. Les cheminées en pierre blanche néo-Renaissance situées dans chacune de ces pièces constituent la seconde référence historique retenue par Vaudremer. Sur celle du salon est sculptée une salamandre ; sur le manteau de celle de la salle à manger est gravée une inscription latine qui signifie : « Le temps fuit, bonnes gens, la renommée se répand ».
Fresque
Matériaux: Peinture sur toile
Créateur Peintre : Henri Marret
Datation 1920
Enseignant l’art de la fresque à l’École des arts appliqués dès 1923, Henri Marret est l’auteur de quelques fresques monumentales illustrant des thèmes sacrés et profanes. Apparenté à la famille de Collin, il peint deux fresques aux thèmes agrestes pour le hall de la villa.
Bassin
Datation XIXe siècle – 1891
Les gaines de ventilation qui pulsaient l’air chaud pour le chauffage de la maison circulent dans le sous-sol. Un réseau de canalisations se déverse dans un bassin de forme quadrilobée. Sans être un puisard, ce bassin reçoit les eaux pluviales, se remplit en période pluvieuse et s’assèche ensuite. L’origine de ce bassin est mal connue. L’appareillage des pierres du niveau inférieur permet de penser qu’il s’agit peut-être d’un ancien baptistère désaffecté servant à la récupération des eaux de drainage.
Décor du jardin d’hiver
Classé MH : 1998
Matériaux: céramique émaillée
Datation XIXe siècle
La frise de céramique émaillée qui ceinture le jardin d’hiver est le seul élément de la villa qui n’ait pas été conçu par Vaudremer. Elle est formée d’une alternance de médaillons représentant des instruments symbolisant les différents corps de métiers utilisés dans le bâtiment et le monogramme de Collin. Les médaillons sont plaqués sur un fond au décor maniéré. Des éléments de céramique réalisés dans les mêmes tons sont placés en rappel de cette frise sur la façade de la villa.
Escalier
Matériaux: argenté
Créateur Architecte : Émile Vaudremer
Datation 1891
La tourelle qui s’élève au-dessus du jardin d’hiver introduit une asymétrie dans la façade de la villa. Son troisième étage est occupé par un belvédère bordé d’une coursive. L’escalier en colimaçon en fer forgé, matériau de plus en plus utilisé en architecture à cette époque, permet d’accéder aux combles. La charpente du toit octogonal est en chêne. Le projet de réalisation de l’escalier, qui comporte différentes vues, est conservé aux Archives départementales des Yvelines.