Frédéric Marret

Frédéric Marret (Source : Lectures pour tous, octobre 1936)

 

Fils de Joseph Marret, menuisier-ébéniste et de Marie Joséphine Augustine Beynet, Frédéric Marius Marret naît à Grigny (Rhône) le jeudi 7 novembre 1901.

On ne sait exactement quand commença sa carrière dans l’aviation, mais il y travaille déjà comme radiotélégraphiste en juin 1932, comme le mentionne Albert Chaillot dans ses mémoires :

Un Latécoère 28 (NACA_Aircraft_Circular_No.112)

« […] Puis en juin [1932], je vais effectuer avec le pilote Fernand Parisot un autre essai de Laté 28 transformé sur Toulouse-Casablanca et retour. Nous faisons plusieurs escales et j’ai le plaisir de revoir Casablanca que j’ai quittée en 1920 et qui a considérablement changé. Retour le lendemain avec quelques passagers. Au-dessus de l’Espagne dans une zone de fortes turbulences nous sommes très fortement secoués. Assis dans le fauteuil du co-pilote, je vais voir dans la cabine ce qui se passe. Une passagère est tombée à plat ventre et s’accroche désespérément aux jambes du radio Frédéric Marret. La batterie du poste radio catapultée a défoncé le plancher de la cabine. J’aide Frédéric Marret à mettre un peu d’ordre et rassurer les passagers. Enfin le temps se calme et nous arrivons à Toulouse. […] »

La liaison aéropostale transatlantique (Source : Pierre Labrousse)

 

À partir de janvier 1933, le nom de Frédéric Marret apparaît régulièrement, dans les chroniques « Nouvelles de l’Aviation » publiées par le journal L’Intransigeant. Il est l’un des radiotélégraphistes attitrés pour le transport hebdomadaire du courrier entre la France et l’Amérique du Sud.

Si la plupart des vols semblent alors se passer sans anicroche, quelques-uns sont plus difficiles :

« Le courrier hebdomadaire France-Amérique du Sud de l’Aéropostale parti hier matin de Toulouse à 4 h. 55 (G.M.T.) s’est posé à 2 h. 30 entre Villa Cisneros et Port Étienne : l’équipe Parisot Marret, prise dans le mauvais temps, a dépassé le cap Juby et Villa Cisneros. Des avions sont partis de Port Étienne et de Villa Cisneros avec une provision d’essence pour dépanner Parisot-Marret. À l’aide de la T.S.F., l’avion en panne a été retrouvé à 8 heures. »
                        Source : R.P. de T. Nouvelles de l’Aviation. L’Intransigeant. 16 mai 1933.

Et dans un article publié par le Petit Dauphinois au titre évocateur « Sous le casque de cuir. Rencontre tumultueuse avec le Spectre Vert », Pierre Viré raconte l’une de ces aventures…

En février 1934, un vol s’avère plus dramatique : l’avion postal Casablanca-Dakar s’écrase dans la nuit en zone insoumise du Rio de Oro entre Cap-Juby et Villa-Cisneros; deux avions de secours ramènent le corps du mécanicien tué et des quatre passagers, tous grièvement blessés. Le journal Excelsior en fait paraître le récit, en août 1936, sous le titre « Conquérants de l’air – La mort du 8e  » Frame 1934 « . Le gouvernement français reconnaît d’ailleurs la conduite héroïque de Frédéric Marret et lui décerne la Légion d’honneur.

(Source : Les Ailes, 31 janvier 1935)

À partir d’avril 1935, le service postal à destination de l’Amérique du Sud se fait à 100 % par voie aérienne et Frédéric Marret participe régulièrement au transport hebdomadaire du courrier. Au cours des dix mois suivants, il effectue dix-huit traversées aériennes de l’Atlantique-Sud.

Latécoère 301 (Source : Bureau d’archives des accidents d’avion)

Le 10 février 1936, Frédéric Marret est à bord de l’hydravion « Ville de Buenos-Aires » qui décolle à 8 h. 50 de Natal vers Dakar. Mais l’avion n‘arrive jamais à destination, disparaissant à tout jamais dans l’Atlantique. Dans le livre Le Courrier doit passer, Gérard Piouffre raconte la tragédie et tente d’en expliquer les causes.

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Frédéric Marret avait épousé Valentine Cécile Louise Lebecq et, à l’époque de son décès le 10 février 1936, il résidait, comme ses autres collègues aviateurs, à Dakar. Suite à un jugement du Tribunal civil de la Seine, leurs décès furent enregistrés dans les registres de plusieurs mairies, dont celle du 1er arrondissement à Paris, le 17 septembre 1936.

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(Source : Comptoir de l’aviation)

On ne dispose que de fort peu de photos de Frédéric Marret; l’une des plus intéressantes est ce cliché pris à Dakar, dans les hangars, probablement à l’occasion d’un évènement – comme le laisse présumer la présence d’une bouteille de champagne et de coupes sur la gauche de la photo. Sur celle-ci apparaissent en avant-plan, de gauche à droite : Frédéric Marret (radionavigant), Fernand Clavère (navigateur), Henri Guillaumet et Laurent Guerrero (pilotes).